Introduction à la Croyance musulmane

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Introduction à la Croyance musulmane

islam sunnite organigrammeIntroduction à la croyance ash’arite
« l’école du tawhîd sunnite »

 

Il est Primordial pour chaque musulman d’apprendre et connaître sa croyance, celle-ci ayant été l’une des tâches essentielles de tous les prophètes, de faire connaître aux gens à qui ils ont été envoyés, les Attributs Divin ainsi que le monde de l’au-delà.

Le Prophète – Sur lui la Paix et la Grâce d’Allâh -, dès les premiers jours de la Révélation jusqu’à la fin de sa vie, n’a cessé d’expliquer ce qu’est la croyance Musulmane et l’Unicité d’Allâh. Le Coran et la Sunna Authentique regroupent les textes fondamentaux de cette croyance. Cette tâche d’expliquer la croyance Musulmane était le rôle de ses compagnons aussi. Il faut retenir alors, que la croyance où le Tawhîd comme telle, existait à l’époque du Prophète – Sur lui la Paix et la Grâce d’Allâh – et de ses compagnons – Qu’Allâh soit satisfait d’eux – mais que celle-ci en tant que Science qui a ses règles, sa méthodologie et sa façon d’analyses et d’argumentations n’a vu le jour qu’ au troisième siècle de l’Hégire avec son fondateur, le Grand Imâm Abû Al-Hasan Al-Ash`arîQu’Allâh soit satisfait de lui – (324 H/935 ).

A cette époque là, l’école Sunnite déjà représentée par des grands savants de l’Islâm tels que les fondateurs des quatre écoles Juridiques Sunnites : L’imâm Abû Hanîfa ( 150 H ), L’imâm Mâlik ( 179 H), L’imâm Ash-Shâfi`î ( 204 H ) et l’imâm Ahmad Ibn Hambal ( 241 H ), avait une méthodologie vis-à-vis de la croyance qui consiste à présenter les textes traitant de la croyance sans les interpréter (ta’wîl), au moment où des sectes et courants opposant l’école Sunnite tels que les Khawârij, les Mu`tazilites, les Chiites ainsi que la poussée philosophique grecque utilisaient des analyses et argumentations rationnelles.

Quelques Sommités Sunnites ont fait des premiers essais d’argumentations rationnelles et des analyses afin de défendre les textes et la croyance Sunnite; parmi eux on cite Ibnu Kullâb (240H), Al-Muhâsibî (243H) et Al-Qalânsî (255H). Ces derniers étaient les précurseurs qui ont défendu la croyance des Salâf en utilisant la Science du Kalâm[1] , mais leurs travaux n’ont pas été jusqu’à bâtir une école jusqu’à l’avenue de deux grands imâms qui ont permit à la Science du Tawhîd de voir le jour. Ces deux grands imâms sont l’imâm Abû Al-Hasan Al-Ash`arî (324H/935) et l’imâm Abû Mansûr Al-Matûrîdî (333H/944). Le premier était une figure emblématique de l’école Mu`tazilite de Baghdâd, quant au deuxième, il était un grand savant Hanafite de la région de Samarkand. Tous deux furent les fondateurs de la Science du Tawhîd ; ils lui ont fait ses règles, ses bases, sa méthodologie et son argumentation, ils ont défendu la croyance Sunnite vis-à-vis des attaques des sectes et groupes égarés. Leurs élèves et leurs disciples ont enrichi l’école Sunnite à travers leurs œuvres et ouvrages.

Si les écoles Sunnites de Jurisprudence étaient représentées par les Hanafites, Malikites, Shafi`ites et Hambalites, je tiens à signaler que la croyance Sunnite était représentée par ces deux écoles à savoir les Ash`arites et les Maturidites qui ne se sont divergé que sur la terminologie, et l’analyse d’argumentation qui leur permet de défendre les textes sacrés ( le Coran et la Sunna Authentique ). Il faut savoir que les Malikites, les Shafi`ites et la majorité des Hambalites sont Ash`arites, quant aux Hanafites ils sont Maturidites. Les musulmans Sunnites à travers leur histoire se sont regroupés derrière ces grands monuments de la science et pour cela, on a donné le nom de « Malikites » aux musulmans qui appliquent la jurisprudence de l’imâm Mâlik comme on a surnommé « Ash`arites » ces mêmes sunnites suivant l’école de croyance de l’imâm Abû Al-Hasan Al-Ash`arî. Le nom de ces écoles n’a jamais causé problème du moment que le contenu était purement sunnites.

·L’ imam Abû l-Hasan Al-Ash`arî (324 H= 935)
fondateur de l’école sunnite de tawhid

· Né et éduqué à Basra.
· Pendant 40 ans, il était mu‘tazilite. Il fut aussi l’étudiant d’Al-Jubba’î (m.303/915), son beau-père.
· Sachant que l’un des grands principes du Mu`tazilisme est le principe du Salâh et du Aslâh (le bien et le meilleur) : Allâh doit donner à ses créatures ce qu’il y a de bien et même ce qu’il y a de meilleur.
· L’imam Al-Ash`arî a pensé à trois personnes dont le destin dans l’au-delà serait différent. Ses conclusions vont démolir ce grand principe de l’école Mu`tazilite ; ce qui va faire penser Al-Ash`arî que la base du Mu`tazilisme, à savoir donner la priorité à la raison avant le texte est une erreur fondamentale et surtout que la raison a ses limites. L’imam Al-Ash`arî revient au principe de l’école sunnite où la raison serait en deuxième position après le texte coranique, voir même à son service.
· La célèbre question d’ Al-Ash`arî à son maître est la suivante :

« Prends le cas de 3 personnes, l’un croyant qui a accompli de bonnes œuvres, l’autre non croyant, et le 3ème mort encore enfant. Que va-t-il advenir d’eux ?
Son maître lui répondit que le croyant irait au paradis, le non-croyant en enfer, et l’enfant dans les « Limbes » (la station entre les deux stations: al-manzila bayna l-manzilatayn =
المَنـْزلة ُ بَيْنَ المَنـْزلتـَيْن ِ[2 )

- Puisque Allâh choisit toujours le meilleur pour ses créatures (principe mu‘tazilite appelée Aslah), pourquoi l’enfant est-il mort ? Demanda alors Al-Ash`arî.

- Parce que, lui répondit son maître, Allâh savait que l’enfant finirait par être un non-croyant, et ainsi mit un terme à sa vie à un stade qui lui épargna l’enfer, soit la meilleure des solutions.

- Mais, continua Al-Ash`arî, pourquoi Allâh a-t-il laissé le non-croyant atteindre l’âge de la responsabilité et l’a puni pour ses péchés, car le meilleur pour lui aurait été de mourir enfant et d’aller à la station entre les deux stations ? »

A cela, le rationalisme mu`tazilite n’offrait aucune réponse, et cet épisode fit qu’ Al-Ash`arî abandonna leur école rendant public ce divorce et son repentir sur ses erreurs dans la mosquée de Basra. Il ôta son habit en déclarant du haut du minbar : « J’enlève définitivement de moi le Mu`tazilisme comme j’enlève cet habit ».

- Il rejoignit alors les Muthabbita[3].Malgré son reniement du Mu`tazilites, Al-Ash`arî continua à utiliser les méthodes logiques et rationnelles (la raison) qu’utilisaient les Mu`tazilites, pour réfuter leurs opinions à partir d’arguments tirés du Coran et de la Sunna.

- Avant lui déjà, des Muthabbita tel que Ibn Kullâb (environ 240H) et al-Qalânsî avaient recours à ces méthodes pour répondre aux attaques des Mu`tazilites.

· Dans le débat qui les opposait aux Mu`tazilites, les Sunnites se contentaient de répondre par le Texte sans rentrer dans la confrontation dialectique.

· Pour les Sunnites, la raison a ses limites. Elle peut accéder à des vérités par elle-même mais pas à toutes. De plus, elle peut conduire à des erreurs en ce qui concerne la croyance.

· Les Mu`tazilites partaient de la raison et déduisaient des vérités pour ensuite les confronter au Coran, pour voir si elles y figuraient.

· Al-Ash`arî a décidé d’utiliser le raisonnement et l’analogie qu’il maîtrisait parfaitement (en tant qu’ancien mu`tazilite) pour défendre le Coran.

· Al-Ash`arî légitime l’usage de ces méthodes en s’appuyant sur le Coran lui-même qui fournit des exemples en la matière à travers les récits sur les prophètes (عَلـَيْهـِمُ السَّلامُ) et notamment Sayyiduna Ibrâhîm (عَلـَيْهِ السَّلامُ) qui utilisait le raisonnement pour faire revenir les gens à la vérité du Tawhîd.

· C’est cet épisode avec Al-Ash`arî qui marque le début de la science du Tawhîd, mais le Tawhîd en lui-même est antérieure à cette science puisqu’il est le principe même de la révélation .

L’école ash’arite et les savants de la oumma :
- Fatwa de l’imam Ibn Rushd ( H520 / 1126 )،sur les ash’arites
Le grand imam Ibn Rushd (رحمه الله) fut interrogé au sujet de certains savants ash’arîs : Abou Al-Hasan Al-Ash’arî, Abou Ishâq Al-Isfarayînî, Abu Bakr Al-Bâqillânî, Abu Bakr Ibn Furak, Abu Al-Ma’âlî, et leurs semblables, de ceux qui les dénigrent ou les insultent, et de ceux qui insultent les ash’arîs, les déclarent mécréants et déviants… Sa réponse fut :

- « J’ai parcouru, puisse Dieu nous protéger ainsi que toi, ta question et j’ai examiné le nom des savants que tu as mentionnés. Il s’agit d’Imâms du bien et de la guidance. Ils sont du nombre des savants à prendre comme modèle, car ils ont donné la victoire à la charî’a et réfuté les fausses allégations des gens de la déviance et de l’égarement. Ils ont résolu les questions problématiques et exposé les croyances auxquelles il convient d’adhérer. Par leur connaissance des fondements de la religion, ce sont les véritables savants ; car ils savent ce qui est nécessaire, admissible et impossible au sujet de Dieu et on ne peut connaître les branches de la religion, sans en connaître les fondements. Il convient donc de reconnaître leurs mérites et leur prééminence.

Ce sont ceux dont le Messager de Dieu Sur lui la Paix et la Grâce d’Allâh dit :
« De chaque génération, les justes porteront cette science la débarrassant de la falsification des immodérés, des fausses allégations des gens du faux, et l’interprétation des ignorants. »

Ne les accuse d’ignorance et d’égarement qu’un idiot ignorant, ou innovateur dévoyé s’écartant de la vérité. Ne les insulte et ne les calomnie qu’un pervers, et Dieu dit :
« Et ceux qui offensent les croyants et les croyantes sans qu’ils l’aient mérité, se chargent d’une calomnie et d’un péché évident. » […] » [4]

Fatwa du grand imam al hâfid Taj ad-Dîn as-Subkî (H771/1370)

Première fatwa:

« Les hanafites, les shafi’ites, les malikites et les nobles hanbalites, Dieu merci, dans leur croyance sont comme une seul main, suivant les croyances de ahl as-sunna, adorant Allah selon la aqida du chaykh as-sunna Abu al-Hassan al-Ash3ari (rahimahu Allah) ».[5]

Deuxième fatwa :

« Sache que l’imam Abu al-Hassan al-Ash’ari n’a pas inventé un nouvel avis et n’a pas créé un dogme, mais il insiste et se base sur les avis et l’école des salaf (pieux prédécesseurs), il défend les avis et positions des sahaba donc il y appartient [au salaf], car il a bâti la science de tawhid avec les arguments et les preuves de notre croyance et il est devenu le chaykh as-sunna à suivre dans cette discipline, d’où l’appellation de ceux qui le suivent « les ash’arites », qui sont ahl as-sunna wa al-jama’a ».[6]

L’avis du Shaykh Al bûtî :

« Les ash’arites sont appelés d’après le nom de l’Imâm ‘Alî Ibn Ismâ’îl Abou Al-Hasan Al-Ash’arî, et les mâturîdites d’après l’Imâm Abou Mansûr Al-Mâturîdî. Les deux hommes sont des figures saillantes parmi nos pieux prédécesseurs qui ont fait triomphé la croyance du salaf, Ahl As-Sunnah wal-Jamâ’a. Aucun des deux n’a inventé une nouvelle croyance, ni une nouvelle école religieuse .[7]

L’ avis du Shaykh Al-Qaradâwî
« Ainsi les mâlékites et les châfi’ites sont- ach’arites et les hanafites sont mâtûridites. De même, les universités islamiques dans le monde musulman sont soit ach’arites soit mâtûrîdites : Al-Azhar en égypte, Az-Zaytûnah en Tunisie, Al-Qarawiyyûn au Maroc, Déoband en Inde ainsi que d’autres institutions et universités religieuses. […]
Tous nos savants et nos grands imâms en faisaient partie : Al-Bâqillânî (m. 403), Al-Isfarâyînî (m. 418), l’Imâm des deux Sanctuaires Al-Juwaynî (m. 478), Abû Hâmid Al-Ghazâlî (m. 505), Al-Fakhr Ar-Râzî (m. 606), Al-Baydâwî (m. 685), Al-Âmidî (m. 631), Ash-Shahrastânî (m. 548), Al-Baghdâdî (m. 429), Ibn Abd As-Salâm (m. 660), Ibn Daqîq Al-`Îd (m. 667), Ibn Sayyid An-Nâs (m. 734), Al-Bulqînî (m. 806), Al-`Irâqî (m. 806), An-Nawawî (m. 676), Ar-Râfi`î (m. 623), Ibn Hajar Al-`Asqalânî (m. 852), As-Suyûtî (m. 911) ; et dans le Maghreb : At-Tartûshî (m. 520), Al-Mâziri (m. 536), Al-Bâjî (m. 474), Ibn Rushd (m. 520), Ibn Al-`Arabî (m. 543), Al-Qâdî `Iyâd (m. 544), Al-Qurtubî (m. 671), Al-Qarâfî (m. 684), Ash-Shâtibî (m. 790) et d’autres.
Et parmi les hanafites, il y a Al-Karkhî (m. 340), Al-Jassâs (m. 370), Ad-Dabbûsî (m. 430), As-Sarakhsî (m. 483), As-Samarqandî (m. 373), Al-Kâsânî (m. 582), Ibn Al-Humâm (m. 861), Ibn Nujaym (m. 970), At-Taftazânî (m. 792), Al-Bazdawî (m. 482) et d’autres. »[8]

 


[1] Ibnu Khaldûn , la muqaddima, p. 463 , Édition Mustafâ Muhammad , Egypte .

[2] L’idée de station entre les deux stations est une pensée purement rationaliste du mu`tazilisme qui veut qu’il y ait un Enfer pour les non-croyants, un Paradis pour les croyants et une station entre les deux pour les fous, ceux qui meurent enfant et ceux qui n’ont jamais entendu parler de l’islam ; cette analyse est totalement rejetée par les sunnites, car Allah ne parle que d’Enfer et de Paradis.

[3] Ancien nom pour désigner les sunnites, les Ahl al-Sunna wa l-Jamâ‘a .

[4] L’imam Ibn Rushd « Fatâwi Ibn Rushd », tome 2, page 206 – 208 , dar al gharb al islâmî , Liban, 1987.

[5] Al hafid Taj ad-Din as-Subki , “mu3îd an-ni’am wa mubîd an-niqam” page 62 , dar al hadâtha , Liban , 1983.

[6] Al hafid Taj ad-Dîn as-Subkî, “tabaqât ash-shâfi’iyya” (tome 3 page 361-367) edition al bâbî al halabî , Egypte, 1964.

[7] Ash-shaykh Al bûtî, « kubrâ al yaqîniyât al kawniyya » , dar el fikr , Syrie , 1993.

[8] Ash-shaykh al-Qaradâwî : « revue al-mujtama’» numéro 1370 . Koweït, 05/10/199

Source Aslama